jeudi 15 décembre 2016

deux mois plus tard....

Hasard des choses... aujourd'hui où je termine ce récit de notre voyage, cela fait deux mois que nous sommes rentrés...
Alors, la dynamique du moment retombée, que reste-t-il de ce périple sur la partie ouzbèke de la Route de la Soie ?

L'Ouzbékistan a été une vraie découverte à plus d'un titre...
C'est bien sûr un pays intéressant et différent par les traces les plus marquantes de son histoire, les monuments. A Tachkent, Khiva, Boukhara ou Samarcande, l'émerveillement a toujours été là. Mettre des images réelles sur celles de son imaginaire, parcourir cette portion de la Route de la Soie qui a tant fait rêver, a été une expérience excitante.
Les monuments sont tous magnifiques, leurs dimensions impressionnantes, la beauté et la richesse de leurs décorations envoûtantes. Même s'ils se ressemblent un peu tous, briques beiges et mosaïques bleues, on ne se lasse jamais, la découverte provoque à chaque fois une émotion différente.
Seule la restauration "à neuf" peut parfois être un peu dérangeante. Mais l'Ouzbékistan est un pays riche, fier de son patrimoine -les touristes ouzbeks étaient nombreux même en Octobre ! et s'emploie à séduire les touristes occidentaux.

Comme il est très difficile de communiquer, les Ouzbeks ne comprennent que rarement l'anglais et nous pas du tout le russe, les échanges se sont souvent limités à des rires et des sourires...
 Mais leur sens de l'hospitalité ne peut que toucher. Je me souviendrai toujours de cette femme dans le désert, qui interrompt tout naturellement ses tâches, nous invite à entrer et nous offre le thé... A chaque fois, que ce soit pour le temps d'un déjeuner, pour la nuit ou plus longuement nous avons été accueillis chaleureusement. Sur les marchés, les gens nous proposaient toujours quelque chose à goûter, même quand nous ne manifestions pas l'envie d'acheter quoi que ce soit. Sur les sites touristiques, ils sont souvent venus vers nous pour faire des photos ensemble. Et nous photographiaient au moins autant que nous le faisions !

Dans le désert, on a découvert un autre monde. Celui des steppes d'Asie centrale, sable jaune et ciel bleu,  à l'horizon sans fin, parcourues par des troupeaux de moutons et de chèvres. Pour eux aussi l'espace semble sans limite. Et de loin en loin, des oasis, avec des maisons de briques entourées de cultures maraîchères et des ruelles de terre battue  qui s'écartent du ruban de l'asphalte.
Dehors, des hommes et des enfants, plus rarement des femmes. En Ouzbékistan les hommes et les femmes ont les mêmes droits, la même éducation, le même statut mais nous comprendrons vite que cela vaut tant qu'elles ne sont pas mariées... Ensuite, elles semblent encore beaucoup devoir se consacrer à la vie familiale et domestique... Ce n'est pas qu'une réalité du monde rural.  Sardor, dont la femme, institutrice, attendait son troisième enfant, nous disait qu'elle allait désormais s'occuper de sa famille.
Même dans les zones reculées, comme dans la montagne, il est difficile de se faire une idée du niveau de vie réel de la population. Des jardins potagers et des arbres fruitiers partout, des moutons et des chèvres aussi. Chacun semble manger à sa faim et je n'ai pas vu de signes manifestes de malnutrition. Dans les maisons dans lesquelles nous sommes rentrés hormis frigo et télé, peu de biens de consommation,  mais voitures récentes, antennes satellites partout.

Une autre vraie découverte a été celle d'un pays engagé dans une histoire post soviétique ! L'Ouzbékistan est indépendant depuis 25 ans et a depuis été dirigé par un seul homme, Islam Karimov, le "regretté président", décédé en septembre dernier.

L'Ouzbékistan est le seul pays des anciens stans soviétiques à être rentré dans une économie moderne et à s'approcher à grands pas de l'économie de marché. Mais l'état a encore la main mise sur l'énergie, les ressources naturelles, matières premières rares ou coton.

La seule personne avec qui nous avons pu discuter a été Sardor, âgé lui d'un peu plus de 30 ans...
La première surprise a été de l'entendre parler très positivement de la période soviétique... pas de colère, pas de rancœur mais beaucoup de reconnaissance pour ce qu'ils ont fait... des villes modernes bien équipées, le métro, un système éducatif structuré, des industries puissantes, qui ont été autant d'atouts pour le pays quand ils sont partis.
Son discours quand il nous a expliqué la volonté et la stratégie de Karimov pour bâtir une économie indépendante et capable de subvenir aux besoins de la population était sincère et convaincu. Les résultats sont là, c'est évident. Il nous a aussi avoué, au travers de situations vécues très personnelles, comment l'ancienne génération, celle qui a grandi et travaillé du temps des Soviétiques, était loin d'adhérer à cette nouvelle politique économique et que parmi elle, pour beaucoup cela restait au final mieux avant ! Pour lui, c'est surtout le fait d'apparatchiks corrompus de l'ancien régime...
Les mesures de sécurité omni présentes ? C'est une bonne chose... Les terroristes sont à notre porte et nous devons nous protéger. De fait, nous vous protégeons aussi
En 25 ans, il n'y a pas eu d'élections libres... Sardor nous dit que le pays n'était pas prêt... qu'il faut d'abord éduquer les gens à la démocratie sinon çà devient comme en Irak... et que çà sera le challenge de sa génération à lui d'instaurer un système démocratique pour ses enfants.
Les droits de l'homme, le travail forcé restent des sujets de discussion tabous. La préservation de l'environnement ne semble pas faire partie des préoccupations.

Ce qui est impressionnant au final, c'est sa confiance en l'avenir économique et politique de son pays ! "regardez moi, regardez tous nos chauffeurs, nous exerçons des métiers qui il y a 25 ans n'étaient même pas envisageables ! et ce  n'est qu'un début !

vendredi 14 octobre 2016

Le métro de Tachkent

Quand on arrive à Tachkent, la nuit est tombée et on retrouve nos gentils chauffeurs du début du voyage ! Mais juste pour leur confier nos bagages, vu qu'on va prendre le métro !

Le métro de Tachkent, c'est un monument à lui tout seul ! Il a été construit à la fin des années 70 par les Soviétiques et est longtemps resté le seul métro d'Asie Centrale. Il se caractérise par l'architecture exceptionnelle de ses stations -elles sont toutes somptueusement décorées- mais également par sa conception -les normes antisysmiques qui ont été mises en oeuvre lui permettraient de résister à un tremblement de terre de 10 sur l'échelle de Richter ! et par sa profondeur -il peut servir d'abri nucléaire.
Et comme il est considéré comme un site stratégique, faire des photos ou des vidéos est strictement interdit. La police est discrètement présente et il y a des caméras partout ! Clément, au début du voyage l'a expérimenté à ses dépens... il a été interpellé et a dû effacer toutes ses photos. Avertissement sans frais...

Côté sécurité, le dispositif est impressionnant. Bien qu'on soit accompagné par Sardor et qu'on puisse difficilement nous prendre pour autre chose que des touristes, questions pour savoir où on va avant de descendre dans le métro... Une fois en bas, contrôle des sacs de chacun... Avant de franchir, le portillon, re-contrôle... et vérification qu'on insère bien le jeton pour le débloquer... çà doit être chaud aux moments de grande affluence ! Non, non, l'Ouzbékistan n'est pas en été d'urgence... ce ne sont que des mesures habituelles, nous assure Sardor, tout le monde accepte très bien...  Pourquoi, ce n'est pas comme çà chez vous en ce moment ?....euh...

Donc, les photos ne sont pas de moi ! J'ai essayé de retrouver celles de stations que nous avons traversées.






Et maintenant, hôtel, valises, dodo.... L'avion est à 8h. Arrivée à l'aéroport à 5h au plus tard. Bah oui... les contrôles ! Donc, lever, 4h....

Retour à Tachkent en train

A l'extérieur de la gare, comme en Chine, contrôles des bagages, des passeports et vérification des titres d'embarquement. Ensuite, c'est plus souple... En Chine, on était canalisé dans des couloirs, un pour chaque train, ici, on se retrouve dans un vrai hall de gare, même s'il n'est pas très bien vu de s'y balader...
Le train relie Samarcande à Tachkent en 2 heures. C'est un Talgo espagnol... moins cher que le TGV.
Çà ressemble à un TGV, en un peu moins confortable mais on y a davantage de place pour les jambes. Une collation petit pain et thé vert- est offerte avec le sourire. Des écrans télé diffusent ce qui, à entendre les rires stéréotypés, doit être une série. La vitesse du train est affichée en permanence. C'est pas mal du tout...
En fait, c'est quand on regarde dehors, que c'est différent. Ici, les abords des voies ne semblent pas avoir été sécurisés... les champs s'arrêtent là où la voie commence. Quand elle est longée par une route, aucune clôture... Étonnant, dans un pays qui a une telle obsession de la sécurité...







Tous à l'école !

En Ouzbékistan, l'éducation et l'enseignement sont de grandes causes nationales. Le niveau d'alphabétisation de la population avoisine les 100% et les dépenses publiques sont particulièrement élevées. 10% du PIB, ce qui est exceptionnel comparé aux pays de la région et même aux pays occidentaux.

En Ouzbékistan, la scolarité est obligatoire et gratuite à partir de la première année de primaire, soit entre 6 et 7 ans et jusqu'à la fin des études secondaires à 18 ans.

Dès la première année, apprentissage obligatoire du russe. Tout le monde parle russe... Il y a même des quartiers entiers de Tachkent où on ne parle que russe. Nos chauffeurs entre eux, dans les camps de yourtes, le personnel des hôtels et des restaurants... les gens parlaient russe...
Pendant l'ère soviétique, l'accès à tout ce qui était rédigé en anglais, en français ou en espagnol, c'est à dire à la littérature étrangère, aux films, aux publications scientifiques se faisait uniquement en russe... Sardor nous raconte qu'il a découvert le cinéma français sous-titré en russe, que les auteurs classiques français, il les a d'abord lus en russe...

L'alphabet lui même a subi les vicissitudes de l'histoire. Depuis 1995, l'alphabet officiel est l'alphabet latin mais du temps des Soviétiques, seul l'alphabet cyrillique avait cours...
L'écriture en ouzbek cyrillique reste cependant encore très largement utilisée du fait que c'est la seule qu'une grande partie de la population est capable de lire... et que tous les savoir-faire et connaissances du pays depuis 1940 sont rédigés en russe...

Depuis cette année, apprentissage obligatoire de l'anglais à l'entrée en troisième année. Aujourd'hui, l'anglais, même rudimentaire, est rarement compris, quelle que soit la génération...

L'entrée au collège se fait après 4 années de primaire pour 5 ans. Ensuite, 3 années d'études en lycée général, pour ceux qui iront à l'université, ou professionnel pour les autres.
L'admission à l'enseignement supérieur se fait par un test national qui est organisé le 1er août de chaque année et porte sur 3 matières sous forme de QCM. On n'a pas compris s'il se déroulait avant l'entrée au lycée et faisait office d'orientation ou à la fin des années de lycée. Que deviendraient alors ceux qui ne réussissent pas au test ?
Les responsables des établissements professionnels sont en charge de trouver des emplois pour leurs élèves. Aucun ne doit sortir de l'enseignement secondaire sans un contrat de travail... Jolie idée si elle n'est pas dévoyée... dans le Talgo, entre Samarcande et Tachkent, si on a apprécié le service -thé offert, chariot de petite restauration- on a trouvé qu'ils étaient certes, attentifs, aimables et tout mais quand même un peu nombreux pour un seul wagon...

Il ne semble pas qu'il y ait d'uniformes "à l'anglaise" mais tous les élèves sont habillés de façon identique, jupe et pantalon noir ou bleu marine et chemise blanche pour tout le monde. La coiffure des fillettes est toujours très élaborée.

A l'occasion de l'entrée à l'école primaire, chaque élève reçoit cartable -bleu pour les garçons et rose pour les filles ! et matériel scolaire. Les manuels sont gratuits tout au long de la scolarité.







A table !

Passer à table à toujours été un bon moment !
La structure des repas qui nous ont été proposés était un peu toujours la même. Entrées froides, de légumes crus ou cuits, et  chaudes à se partager, genre mise en bouche, soupe de légumes ou bien genre "goulasch", brochettes de viande, boeuf ou mouton, accompagnées de riz, ou plov avec son riz, ses carottes, ses œufs coupés et des quartiers de poivrons et de coings. En dessert, invariablement tranches de pastèques et de melons verts. Du thé vert est systématiquement proposé... et la bière est excellente ! Quant au pain, quand il est frais.... pire chaud !!!!!!!!!!!!
A chaque fois, on s'est régalé. Les aubergines, par exemple, étaient à tomber par terre.
Au petit déjeuner, souvent un buffet. Pain, gâteaux, fruits, oeufs. Le yaourt de brebis était un vrai régal !
A noter, que traditionnellement les Ouzbeks cuisinent à l'huile de coton. Le système digestif des occidentaux n'aime pas trop... pas du tout même. Aussi, pour pouvoir accueillir des touristes étrangers les restaurateurs ou les "habitants" ont l'obligation d'utiliser de l'huile de tournesol. 
Côté hygiène, rien à dire. Aucun de nous n'a été malade et pourtant nous avons tous mangé des légumes crus.













Un berceau bien étonnant !

En Chine déjà, nous avions été étonnés de voir que rares étaient les bébés qui portaient des couches et que la plupart avait pour ainsi dire "les fesses à l'air", le pantalon étant largement ouvert à l'entrejambe... Dans le train, nous avions vu des mamans démailloter leurs bébés, émettre des onomatopées et... les bébés faire pipi ! On nous avait expliqué, dans un mauvais anglais, que les mamans "éduquaient" ainsi leurs petits à la propreté en conditionnant leurs réflexes. Et que cela marchait ! Ils ne mouillaient pas leurs pantalons et ne faisaient pipi que sur commande !
Facile !!!... mais, la nuit ? On n'avait pas vraiment creusé la question...

Et bien, on a trouvé une réponse en Ouzbékistan ! A Kokand, au palais du khan, dans une salle, un magnifique berceau -bois précieux, couvertures chamarrées-  et dessus deux petits objets en bois, l'un en forme de pipe, l'autre en forme de cuillère.



Et Sardor de nous expliquer l'ingéniosité du berceau ouzbek !  Le matelas est composé de couvertures empilées, dans lesquelles on a découpé un trou rond au niveau des fesses du bébé.


On y insère un pot et on pose l'enfant bien au bon endroit, sur le dos et attaché pour qu'il ne puisse pas se retourner. Puis on glisse entre ses jambes l'un des deux petits objets en bois. Pour les petits garçons, celui en forme de pipe et pour les petites filles, celui en forme de cuillère. Evidemment, on maintient les jambes serrées. Et le lendemain, il n'y a plus qu'à vider le pot !
Le système a dû prouver son efficacité car on voit ces berceaux et les ustensiles ad-hoc sur tous les marchés !



Au milieu d'autres objets usuels... rouleau à pâtisserie, peignes, estampes pour le pain...